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michel geoffroy - Page 12

  • Crise totale et Gilets jaunes...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré à l'incapacité d'Emmanuel Macron de sortir de la crise des Gilets jaunes. Ancien haut-fonctionnaire, Michel Geoffroy a récemment publié La Superclasse mondiale contre les peuples (Via Romana, 2018).

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    Crise totale. Macron en plein enfumage médiatique et lacrymogène

    Le malaise social et fiscal français révélé par le mouvement des Gilets Jaunes n’en finit pas. Cela fait bientôt 5 mois que les manifestations hebdomadaires se succèdent en France, du jamais vu dans notre pays. Et l’allocution fleuve d’Emmanuel Macron le 25 avril dernier n’a pas convaincu une majorité de Français si l’on en croit les sondages. Ni a fortiori les Gilets Jaunes.

    En réalité Emmanuel Macron n’arrive pas à éteindre la grogne sociale et fiscale. Pourquoi ?

    Parce que sa légitimité populaire est faible, ce qui l’empêche d’apporter la réponse politique qui convient.

    A peine au bout de deux ans de mandat, Emmanuel Macron est déjà dans une impasse.

    Le fruit d’une effraction politique

    Emmanuel Macron peut certes s’appuyer sur les solides institutions de la 5e République, sur les escadrons de CRS et sur le soutien sans faille du pouvoir médiatique pour la suite de son quinquennat. Il peut également transformer l’Elysée en camp retranché.

    Mais il ne saurait oublier pour autant que, dans la logique de nos institutions, la légitimité populaire doit en permanence soutenir la légalité politique. Or c’est justement la légitimité populaire qui fait défaut à Emmanuel Macron.

    L’intéressé l’a reconnu avec honnêteté, sinon avec cynisme : son succès à la présidentielle a correspondu à une sorte « d’effraction [1]» politique. Homme de gauche rallié au néo-capitalisme, il a profité en effet à la fois de l’effondrement des socialistes tout au long de la présidence de François Hollande et de l’échec de François Fillon, empêtré dans une affaire judiciaire et médiatique mise à jour en 2017. Comme il a profité de son duel au second tour, face à Marine Le Pen.

    Mais ce blitzkrieg politico-médiatique a justement une contrepartie politique: Emmanuel Macron n’incarne aucune dynamique politique durable dans notre pays et, en tout cas, aucune dynamique populaire.

    Un vice rédhibitoire sous la Vème République.

    Une faible légitimité populaire

    Au premier tour de l’élection présidentielle, Emmanuel Macron n’a en effet rassemblé que 24 % des voix, soit 8,6 millions d’électeurs. C’est-à-dire moins que François Hollande en 2012 [2] ou que Nicolas Sarkozy en 2007 [3].

    Il n’a fait un meilleur score que par rapport à celui de Jacques Chirac en 2002, alors que ce dernier était en perte de vitesse dans son électorat et que Jean-Marie Le Pen allait se positionner pour le second tour en éliminant le candidat socialiste.[4] Et, au second tour des présidentielles de 2017, Emmanuel Macron a rassemblé sous son nom et comme ses deux derniers prédécesseurs, moins de la moitié des électeurs inscrits [5] : 43,5 %. Un précédent fâcheux…

    La situation est encore plus criante s’agissant du « parti » présidentiel, La République en Marche, créé de toute pièce à partir d’éléments disparates [6] : au premier tour des législatives de 2017, qui a connu une abstention record [7], LREM a rassemblé 6,4 millions de voix soit 13,4 % des inscrits et au second tour : 7,8 millions de voix soit 16,5 % des inscrits. En d’autres termes, la « majorité » à l’Assemblée Nationale représente une… minorité d’électeurs inscrits.

    Chirac pouvait capitaliser sur une certaine image du gaullisme. Nicolas Sarkozy avait su séduire la droite par un discours innovant.François Hollande incarnait encore les espoirs de la Gauche en 2012.

    Mais Emmanuel Macron et son parti sont minoritaires dans l’opinion. Pire, ils n’incarnent au surplus rien d’enraciné dans la psyché nationale.

    Une situation incompatible avec le fonctionnement normal de nos institutions

    Cette situation n’est pas purement statistique mais traduit surtout une réalité politique incompatible avec l’esprit et le fonctionnement normal de nos institutions. Emmanuel Macron ne peut compter que sur le soutien d’environ un électeur sur trois au mieux. Il est, au sens propre, un président impopulaire et cela depuis son élection.

    Il est d’ailleurs frappant de constater que dans les sondages d’opinion [8],  on retrouve cette proportion presque constamment : en général deux personnes interrogées sur trois expriment un jugement négatif sur la politique voire la personne même du président de la république. Et cette proportion ne change pas dans le temps, sinon dans le mauvais sens.

    En d’autres termes, Emmanuel Macron n’a pas réussi à créer une dynamique politique en sa faveur au bout de deux ans de présidence et cela, malgré une propagande médiatique incessante.

    Comme il l’avouait d’ailleurs lors de son interview le 14 novembre 2018 : « Je n’ai pas vraiment réussi à réconcilier le peuple Français avec ses dirigeants (politiques). » Il ne pouvait ignorer que ce constat le visait au premier chef .

    Le mouvement des Gilets Jaunes a en effet mis en lumière qu’une partie de la population avait désormais une véritable hargne sinon une haine vis-à-vis de sa personne. Il faut remonter à la guerre d’Algérie pour trouver un sentiment comparable vis-à-vis d’un président de la république…

    L’impopularité interdit toute sortie politique de la crise

    Conformément à la fois à l’esprit et à la pratique des institutions de la 5e république, la crise des Gilets Jaunes aurait dû se conclure par l’arbitrage du peuple souverain : soit par de nouvelles élections législatives soit par un référendum.

    C’est d’ailleurs ainsi que le Général De Gaulle – qui bénéficiait pourtant d’une toute autre légitimité politique et historique qu’Emmanuel Macron – a mis fin à la crise de mai 1968 : une dissolution de l’assemblée nationale, suivie d’un référendum l’année suivante, le 27 avril 1969, et qu’il a d’ailleurs perdu, entraînant sa démission.

    Mais, minoritaire dans l’opinion depuis 2017, Emmanuel Macron ne peut se résoudre à cette solution politique pourtant évidente, car il est plus que probable qu’un référendum initié par lui serait un échec ou que LREM serait laminée dans le cadre de nouvelles élections législatives. Le président de la république perdrait alors fatalement tout moyen d’action.

    Écartant cette solution politique, Emmanuel Macron a donc misé sur l’usure de la contestation sociale, grâce notamment à la répression policière des manifestations et à l’orchestration des violences de l‘extrême-gauche pour mobiliser en sa faveur le « parti de l’ordre ».

    Mais cette stratégie ne produit toujours pas l’effet escompté.

    L’heure de la politique circulaire

    Le président de la république se trouve donc contraint de mener une « politique circulaire », consistant à tourner autour de la solution politique de la crise sans jamais oser l’aborder de front.

    Grand Débat qui n’en finissait pas, allocutions et conférences de presse somnifères, annonces alambiquées, enfumage médiatique sur fond de gaz lacrymogènes…
    Alors qu’il est bientôt à mi-mandat, le président en est désormais réduit à essayer de gagner du temps. Comme un banal président du conseil de la 4e république finissante.

    Mais la politique circulaire signifie d’abord que la crise initiée il y a un an par l’affaire Benalla et ensuite par le mouvement des Gilets Jaunes, ne peut recevoir de solution politique institutionnelle normale. Telle une plaie ouverte mal soignée, elle ne peut donc que s’envenimer. D’autant que l’extrême-gauche a fait une OPA sur les Gilets Jaunes.

    Cela signifie malheureusement que, privée de la régulation apportée par la souveraineté populaire, la nature autoritaire de nos institutions – caractérisées par un exécutif hypertrophié – ne peut que se renforcer. Et susciter des réactions populaires imprévisibles.

    La suite du quinquennat d’Emmanuel Macron s’annonce bien mal.

    Michel Geoffroy (Polémia, 02 mai 2019)

     

    Notes

    [1] Devant l’association de la presse présidentielle, en février 2018 , il s’est présenté comme le « fruit d’une forme de brutalité de l’histoire, d’une effraction, parce que la France était malheureuse et inquiète. »  Valeurs Actuelles du 14 février 2018

    [2] 28,3% soit 10,2 millions de voix

    [3] 31,18% soit 11,4 millions de voix

    [4] 19,88% soit 5,66 millions de voix pour Jacques Chirac

    [5] 20,7 millions de voix pour Emmanuel Macron , pour 47,56 millions d’électeurs inscrits

    [6]la moitié des élus LREM viennent de la gauche, 23%  viennent de la droite et  9% sont des novices.

    [7] 57,36% d’abstention et 4,2% de bulletins blancs ou nuls !

    [8] Voir « les Français ont la parole »sur Polemia

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  • Macron en pleine radicalisation autoritaire ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré à la dérive autoritaire du président de la République... Ancien haut-fonctionnaire, Michel Geoffroy a récemment publié La Superclasse mondiale contre les peuples (Via Romana, 2018).

     

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    L’évolution autoritaire de la présidence Macron en 10 points

    Selon un récent sondage, Emmanuel Macron « inquiète » une proportion croissante de nos concitoyens : 62 %  exactement, soit 6 points de plus depuis juillet 2018 [1]. Retour sur dix bonnes raisons, au moins, de s’inquiéter de l’évolution autoritaire de la présidence Macron.

    1er sujet d’inquiétude : la loi sur les fake news

    Emmanuel Macron a fait voter une loi contre les fake news [2] qui a officiellement pour objet la censure par un juge unique statuant en urgence, des informations qui seraient jugées fausses, en période électorale.

    Mais la notion d’information « fausse » reste très imprécise et ouvre la voie à la censure judiciaire des informations qui pourraient gêner le Pouvoir lorsqu’il se présentera devant les électeurs.

    La loi sur les fake news vise en réalité les médias alternatifs qui diffusent une information concurrente de celle des médias mainstream, lesquels voient justement leur crédibilité diminuer constamment dans l’opinion, à cause de leur évidente partialité.

    Et contrairement à ce que l’on entend dire parfois, cette loi sera appliquée sinon on ne voit pas pourquoi le président l’aurait initiée avec autant de constance.

    2e sujet d’inquiétude :  la surveillance numérique par la police de la pensée

    Le gouvernement a passé un accord avec Facebook [3] au terme duquel des « régulateurs » français assisteront le personnel de la plate-forme dans la répression des contenus dits « racistes, antisémites, homophobes ou sexistes ». Mais il faut rappeler que Facebook n’autorise pas « les critiques à l’égard des politiques d’immigration et les arguments qui consistent à restreindre ces politiques »… Donc il s’agit de censurer ceux qui critiquent la folle politique d’immigration de l’Union européenne.

    Le gouvernement français soutient d’ailleurs  l’adoption du règlement européen  dit « censure terroriste » , écrit en collaboration avec Google et Facebook , qui vise à soumettre tous les hébergeurs à des obligations très strictes, notamment le retrait en une heure des contenus désignés par ….une autorité nationale. Donc par le gouvernement.

    Et il a signé le Pacte de Marrakech sur les migrations qui prévoit aussi la répression des médias qui critiqueront l’immigration .

    3e sujet d’inquiétude : le renforcement des pouvoirs de censure du CSA

    La loi sur les fake news prévoit un renforcement des pouvoirs de contrôle du CSA, pourtant déjà étendus, qui sera aussi chargé de la refonte de la loi de 1986 sur l’audiovisuel.

    Le nouveau président du CSA, nommé par Emmanuel Macron, n’a d’ailleurs pas caché son ambition d’étendre son « pouvoir de régulation » -et donc de censure- aux réseaux sociaux.

    La mise au pas du dernier espace de liberté est donc en marche !

    4e sujet d’inquiétude : la reprise en main  des médias mainstream

    Les médias mainstream ont fait l’élection d’Emmanuel Macron mais cela ne semble plus lui suffire. Car à l’occasion du mouvement des gilets jaunes et de l’affaire Benalla Emmanuel Macron leur a reproché de leur donner encore trop d’importance.

    Dans des propos rapportés par l’hebdomadaire Le Point [4], Emmanuel Macron affirme d’ailleurs que « le bien public, c’est l’information. Et peut-être que c’est ce que l’État doit financer. Le bien public, ce n’est pas le caméraman de France 3. Le bien public, c’est l’information sur BFM, sur LCI, sur TF1, et partout. Il faut s’assurer qu’elle est neutre, financer des structures qui assurent la neutralité ».

    Ce qui revient à préconiser une sorte de nationalisation des médias pour s’assurer qu’ils diffusent une information conforme à ce que souhaite le pouvoir. En d’autres termes Emmanuel Macron veut le retour de l’ORTF à son profit!

    5e sujet d’inquiétude : l’affaire Benalla

    L’affaire Benalla, qui connaît d’incessants rebondissements depuis juillet 2018 malgré les multiples tentatives pour l’étouffer, a mis en lumière non seulement le comportement violent de certains collaborateurs de la présidence de la république mais surtout les curieuses protections dont ils semblent avoir  bénéficié au plus haut niveau de l’Etat et au sein des pouvoirs publics.

    Cette affaire inquiète, car elle démontre l’existence d’un véritable« Etat profond » français, parallèle aux institutions et agissant en toute impunité. Mais au service de qui ?

    6ème sujet d’inquiétude :  la violente répression policière et judiciaire des Gilets jaunes

    Le mouvement populaire et social des Gilets Jaunes lancé en novembre 2018 a fait l’objet d’une répression policière et judiciaire sans équivalent dans notre pays depuis la guerre d’Algérie.

    Le ministre de l’Intérieur s’est comporté en outre comme s’il pouvait donner des directives (en réclamant «des réponses judiciaires sévères» )à l’autorité judiciaire , en violation de la séparation des pouvoirs comme l’a relevé un collectif d’avocats [5] , s’inquiétant par ailleurs de nombreuses anomalies de procédure vis à vis des Gilets Jaunes interpellés.

    Une sévérité qui tranche avec le traitement habituellement réservé aux racailles de banlieues, aux casseurs d’extrême-gauche ou aux délinquants multirécidivistes.

    Pourquoi , sinon pour  intimider la France périphérique ?

    7e sujet d’inquiétude : les restrictions au droit de manifester

    Avec le mouvement des gilets jaunes les forces de police et de gendarmerie , à rebours de ce qui se pratiquait auparavant, se sont efforcées de bloquer les manifestations plutôt que d’assurer leur sécurité : notamment par l’usage de gaz lacrymogènes , de canons à eau, par le « nassage » des manifestants ou par la mise en œuvre d’interpellations préventives [6]. Et à l’occasion des déplacements présidentiels dans le cadre du « Grand Débat » les forces de police ont notamment menacé d’amendes illégales les porteurs de gilets jaunes.

    Le gouvernement vient au surplus de faire voter une nouvelle loi dite « anti-casseurs », liberticide, qui prévoit notamment de donner aux préfet -agent public nommé par le gouvernement- le pouvoir d’interdire de manifestation certaines personnes et l’établissement d’un fichage politique des manifestants.

    Veut-on dissuader de manifester contre Emmanuel Macron ?

    8e sujet d’inquiétude :  la diabolisation officielle des opposants

    La diabolisation des opposants au Système était jusqu’alors avant tout effectuée par les médias de propagande. Désormais Emmanuel Macron et ses ministres n’hésitent plus à s’en charger eux-mêmes.

    De plus en plus souvent ils affirment que les opposants à la politique libérale/libertaire et européiste qu’ils conduisent, diffusent des fausses nouvelles, qu’ils sont complotistes ou qu’ils sont manipulés par l’étranger. Emmanuel Macron a d’ailleurs significativement affirmé à propos du Brexit, qu’il s’agissait d’un « référendum qui a été manipulé, manipulé de l’extérieur » [7], mais il tient des propos comparables vis-à-vis des gilets jaunes.

    Et alors que la répression policière a fait de très nombreux blessés parmi les gilets jaunes , Emmanuel Macron et ses ministres n’ont eu aucun mot de commisération à leur égard. Au contraire ils n’ont vu en eux qu’une « foule haineuse [8]» , la peste brune ou des factieux qui veulent renverser la république.

    Tandis qu’à l’Assemblée nationale, les incidents contre l’opposition parlementaire sont désormais courants.

    De proche en proche toute critique d’Emmanuel Macron et de sa politique se trouve assimilée non pas à une opinion mais à un délitou à une folie complotiste ; ce qui traduit un inquiétant refus du débat démocratique.

    9e sujet d’inquiétude : le projet d’organiser un référendum dans la suite du grand débat national, le même jour que les élections européennes

    Le « grand débat national » donne déjà une piètre idée de la façon dont le président de la république conçoit la consultation des Français : un long monologue présidentiel, des questions cadrées par avance et un public sélectionné pour ne pas déplaire au pouvoir.

    Mais si le projet d’organiser un référendum dans la suite du grand débat national, le même jour que les élections européennes,devait se confirmer, il conduirait en réalité à priver le peuple français d’un débat sur l’Union Européenne, au moment même où elle est de plus en plus contestée en Europe.

    Officiellement ce projet de référendum serait destiné à mettre un terme à la crise des Gilets Jaunes .

    Mais ne s’agit-il pas aussi d’empêcher à tout prix une remise en cause de la ligne mondialiste et atlantiste de l’Europe de Bruxelles, qu’impose la Davocratie et que soutien Emmanuel Macron ?

    10e sujet d’inquiétude : le mépris ostensible du peuple français

    Malgré les conseils de ses communicants, Emmanuel Macron ne peut s’empêcher de critiquer les Français et notamment ceux de la France périphérique. Et donc d’exprimer un arrogant mépris de classe, alors même que les sondages montrent que deux Français sur trois au moins ,ont une mauvaise opinion du président de la république et de sa politique.

    Car, à la différence de la racaille de banlieue qui « quelles que soient ses bêtises, parce que bien souvent, parce que c’est un enfant de la République, il n’a pas choisi l’endroit où il est né, et il n’a pas eu la chance de ne pas en faire » [9], les Français ne trouvent jamais grâce à ses yeux.

    Mais ce mépris de classe cache aussi celui ,plus inquiétant , de la démocratie , entendue comme la souveraineté du peuple.

    De plus en plus de soutiens à Emmanuel Macron cherchent d’ailleurs à relativiser le principe de la souveraineté populaire. Tel Bernard-Henry Lévy affirmant : « Mais arrêtons de sacraliser le peuple. En Europe, le peuple ne doit pas être le seul souverain! » [10].

    Emmanuel Macron lui-même n’a-t-il pas déclaré que « toutes les paroles ne se valent pas » [11] et que « toujours j’écouterai,  j’expliquerai,  je respecterai, mais toujours à la fin je ferai » [12] ?

    Emmanuel Macron n’a manifestement nullement l’intention d’infléchir sa politique, quelle que soit l’ampleur du désaveu populaire et il ne s’en cache pas !

    Nos concitoyens ont donc de bonnes raisons de s’inquiéter !

     

    Michel Geoffroy  (Polémia, 11 février 2019)

     

    Notes :

    [1] Sondage Ifop Opinion Fiducial, Cnews, Sud Radio  des 29 et 30 janvier 2019

    [2] Le 10 octobre 2018

    [3] Annoncé le 12 novembre 2018 lors du forum sur la gouvernance d’internet

    [4] Le Point du 3 février 2019

    [5] Tribune du 2 février 2019 sur le site de France info

    [6] La ministre de la justice a reconnu le recours aux interpellations préventives de gilets jaunes sur  BFM TV du 7 décembre 2018

    [7] Le 15 janvier 2019 devant des maires de l’Eure

    [8] Vœux du 31 décembre 2018

    [9] Macron à Saint Martin le 1er octobre 2018

    [10] Interview au  Temps  du 23 janvier 2019

    [11] Le 3 janvier 2018 lors de ses vœux à la presse

    [12] Vœux du 31 décembre 2017

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  • La France immigrée à l’écart de la France périphérique...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré à la très faible représentation des habitants des banlieues de l'immigration dans le mouvement des Gilets jaunes. Ancien haut-fonctionnaire, Michel Geoffroy a récemment publié La Superclasse mondiale contre les peuples (Via Romana, 2018).

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    Gilets Jaunes : la France immigrée à l’écart de la France périphérique

    Nombre de commentateurs l’ont remarqué : les banlieues de l’immigration sont restées à l’écart du mouvement des Gilets Jaunes, lancé par des Français de métropole et par des domiens. Deux mois après, cette abstention interroge mais met mal à l’aise les commentateurs médiatiques attitrés.
    La réponse à cette énigme est simple en effet : la France immigrée n’est nullement défavorisée ni abandonnée par le pouvoir, à la différence de la France périphérique. Elle est vit mieux qu’elle.
    Un constat qui dérange le politiquement correct.

    Ces pauvres banlieues défavorisées !

    Certes, les médias et les politiciens nous répètent en boucle que la France d’origine immigrée serait défavorisée.

    En novlangue une « banlieue défavorisée » ou un « quartier populaire » correspond en réalité à une zone avant tout peuplée de personnes d’origine immigrée. On insiste sur le fait que ces zones se caractériseraient par un fort chômage, un environnement urbain dégradé, de mauvais résultats scolaires et bien sûr que les personnes d’origine immigrée seraient victimes d’injustes discriminations de la part du reste de la population.

    En permanence les médias et les pouvoirs publics victimisent donc la France immigrée.

    Même lorsque ses « jeunes » commettent des violences ou des délits ,ce n’est jamais vraiment de leur faute, les pauvres, mais celle des contrôles au faciès, des provocations et violences policières et du manque de respect qui leur serait dû.Comme incendier des véhicules serait une tradition du Nouvel An. Et manifestations et pleureuses cathodiques se succèdent en soutien des « jeunes » délinquants et on a vu François Hollande se faire filmer au chevet de Théo, présenté trompeusement comme une victime de la police.

    Et si l’intégration ne fonctionne pas – on a fini quand même par l’admettre tout en continuant à la promouvoir – c’est bien sûr la faute de la France, jamais celle des immigrants [1].

    Le Système ne cesse de courtiser la France immigrée

    Cela fait 30 ans que les politiciens de gauche comme de droite, et les pouvoirs publics à leur suite, courtisent la France immigrée, alors qu’ils ignorent et méprisent la France périphérique, les beaufs réacs « qui fument et roulent en diesel » comme disait si joliment Benjamin Griveaux, le porte-parole du Gouvernement.

    On ne dirait jamais cela des personnes d’origine immigrée bien sûr, même lorsqu’elles roulent en BMW ou en Porsche Cayenne, en faisant hurler leur autoradio : n’incarnent-elles pas les exceptionnels talents dont nos banlieues, paraît-il, regorgent ?

    On ne cesse de courtiser la France immigrée parce la Gauche a fait des immigrants un prolétariat de rechange, depuis qu’elle s’est ralliée au néo-capitalisme mondialiste en abandonnant les classes populaires à leur précarité. Parce qu’en lançant l’opération SOS Racisme sous Mitterrand, la gauche a fait une OPA politique sur l’électorat d’origine immigrée et de religion musulmane, qui vote depuis en majorité pour elle. Et parce que la doxa antiraciste permet de réduire au silence la droite molle.

    Tandis que la droite parlementaire, dans son souci de se distancier du Front National et pour complaire au patronat- toujours avide de nouveaux immigrants- en a rajouté : la loi Pleven, le « rapprochement familial », la « discrimination positive » -donc aux dépens des Français natifs- , le plan Borloo pour les banlieues ou la « laïcité positive » pour encourager l’islam à la française, c’est elle .

    Et bien sûr Gauche et Droite communient périodiquement dans la « politique de la ville », pour les banlieues défavorisées.

    La France immigrée n’est pas la France pauvre

    Seulement voilà : les milliards de la politique de la ville ne se concentrent pas sur les territoires et les populations les plus pauvres, mais sur les quartiers de l’immigration, nuance.

    Comme le fait remarquer l’Observatoire des Inégalités « moins d’un quart des personnes pauvres vivent dans un quartier dit « prioritaire » de la politique de la ville. Ces territoires, si souvent mis en avant, ne rassemblent qu’une toute petite partie de la population aux faibles revenus [2]». 

    En d’autres termes, les défavorisés et les pauvres ne sont pas là où on veut nous le faire croire : ils sont ailleurs, dans la France périphérique, dans les campagnes désertifiées ou ils dorment dans les rues de nos villes. Mais ceux-là n’intéressent pas le Système.

    Les immigrants ont en outre conservé leurs traditions familiales : on s’entre-aide entre parents, entre proches, ce qui sert d’amortisseur social. On n’abandonne pas ses vieux parents dans des mouroirs. On fait l’aumône aux pauvres.

    Alors que le reste de la population française est rongé par l’individualisme, qui accentue les effets de la précarité voire la provoque comme dans le cas des « familles monoparentales ».

    Où va l’argent ?

    La politique de la ville qui vampirise des moyens budgétaires importants -100 milliards en 30 ans [3] !- n’a au demeurant jamais obtenu les mirifiques résultats annoncés. Même Emmanuel Macron reconnaît que « depuis 20 ans, on a donné des milliards sans jamais régler les problèmes [4]». Ce qui ne l’empêche pas de vouloir « accueillir » encore plus d’immigrants, baptisés « réfugiés » en novlangue.

    Alors à quoi à servi tout cet argent ? A financer les entreprises de travaux publics et de construction, à faire vivre le réseau des grands frères, à être une manne budgétaire pour la myriade d’associations communautaires qui gravitent autour de la politique de la ville, à financer la cohorte de fonctionnaires chargés d’animer cette politique, à payer un semblant de paix sociale dans les banlieues, à acheter des clientèles électorales etc…..

    Mais cette politique dispendieuse n’a bénéficié que marginalement aux Français natifs et pauvres, d’autant que ceux qui l’ont pu ont quitté ces banlieues où ne se sent plus vraiment chez soi : c’est le white flight qui frappe  aussi la France et pour des raisons comparables à ce qui se passe dans les pays anglo-saxons.

    L’éviction de la France pauvre

    La France pauvre met un gilet jaune car elle ne peut que constater l’éviction progressive dont elle est victime, au prétexte de l’intégration, jamais atteinte, des Autres.

    Éviction budgétaire et fiscale parce que les dépenses induites par l’immigration et l’accueil des réfugiés sont toujours prioritaires et qu’il faut les financer.

    Éviction administrative : on se préoccupe de la présence des services publics dans les banlieues de l’immigration, mais on les ferme sans retenue dans le reste du territoire : les usagers n’auront qu’à utiliser internet !  On dédouble les classes dans les zones d’éducation prioritaire mais pour financer cela, on ferme des « moyens d’enseignement » dans la France rurale.

    Éviction sociale parce que la France immigrée est plus prolifique tout en présentant un taux d’activité moindre : elle se trouve donc prioritaire dans l’attribution des aides ou des logements sociaux.

    Éviction sécuritaire parce les gouvernements successifs sont tétanisés devant l’éventualité d’une révolte des banlieues, depuis l’épisode de 2005 : alors on ferme les yeux  là-bas  sur ce que l’on réprime fortement ailleurs.

    Éviction politique enfin, parce que les partis courtisent l’électorat d’origine immigrée, le seul à augmenter, alors que les classes populaires autochtones sont méprisées puisqu’elles ont tendance à voter pour le FN/RN ou à s’abstenir.

    La France immigrée n’a pas besoin de gilet jaune pour se faire entendre

    Comme le faisait remarquer justement l’éditorialiste Yves Thréard lors d’un débat sur LCI : « L’immigration, contrairement à ce qui a été dit, est au cœur aussi de la révolte des Gilets Jaunes : “Nous on est invisibles, pendant 30 ans vous vous êtes occupés des minorités, des immigrés …” et ils disent “Mais occupez-vous de nous maintenant !” [5] »

    Les vrais invisibles du Système ne sont pas les minorités que l’on met en scène en permanence dans les médias à des fins de compassion cathodique et politicienne, mais bien les Français pauvres et natifs de métropole ou d’outre-mer.

    La France immigrée ne met pas de gilet jaune car elle n’a aucune difficulté à se faire entendre des politiques et des administrations : ceux-ci sont à l’écoute de ses moindres attentes. La France immigrée n’a pas non plus à se plaindre des médias : ceux-ci l’encensent en permanence et la disculpent de tout au nom du padamalgam et de l’anti-racisme. Ni des entreprises, qui font profession de donner la priorité au recrutement de personnes issues de la diversité.

    La France immigrée n’a pas besoin de mettre un gilet jaune pour qu’on se préoccupe de son bien-être, de ses croyances ou de ses valeurs. Le président de la république redouble au contraire de précautions pour expliquer aux responsables du Conseil français du culte musulman (CFCM) que l’évolution de la loi de 1905 de séparation des Églises et de l’État,ne se ferait pas “contre l’islam” [6].On ne pense pas qu’il ait donné aux responsables catholiques les mêmes assurances.

    La France immigrée ne craint pas vraiment pour sa sécurité non plus : elle ne risque pas trop de recevoir un coup de couteau pour un regard ou pour une cigarette. Et la police veille à éviter toute bavure à son encontre : les tirs de flashball, les gaz lacrymogènes et les canons à eau ne sont pas pour elle !

    La France immigrée est à côté, mais pas avec

    La France immigrée ne met pas de gilet jaune enfin, car elle ne se sent pas vraiment proche des Français qui manifestent : elle réside en France mais elle veut surtout y vivre comme chez elle et donc avant tout entre elle. Elle se trouve de plus en plus à côté des Français comme le soulignait avec inquiétude  l’ancien ministre de l’Intérieur.

    Et elle sait bien que sa situation en France est paradisiaque par rapport à celle qu’elle aurait dans son pays d’origine : ceux qui sont restés « au pays » -le vrai, celui d’où elle vient- le lui disent bien.

    La France immigrée n’a pas besoin, pour se faire entendre et se faire respecter, de mettre un gilet jaune.

    Michel Geoffroy (Polémia, 21 janvier 2019)

     

    Notes :

    [1]« La France a mal intégré ces trente dernières années. On a été très mauvais » Emmanuel Macron à l’ambassade de France en Tunisie le 2 février 2018

    [2] Le 26 avril 2018

    [3] Selon Contribuables Associés, à elle seule la rénovation urbaine des quartiers prioritaires, « le plus grand chantier de notre Histoire », dira Jean-Louis Borloo (ministre de la Ville entre 2002 et 2004), a coûté 48 milliards entre 2005 et 2015.

    [4] Propos tenus au Conseil des ministres, le 16 mai 2018, d’après le Canard Enchaîné

    [5] Débat du 14 janvier 2019

    [6] Le Figaro du 7 janvier 2019

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  • Macron choisit la stratégie de la tension...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré à la stratégie d'affrontement avec les gilets jaunes décidée par le président de la république. Ancien haut-fonctionnaire, Michel Geoffroy a récemment publié La Superclasse mondiale contre les peuples (Via Romana, 2018).

     

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    Gilets Jaunes : Macron choisit la stratégie de la tension

    Le « tournant social » du quinquennat, vanté par les médias de propagande, n’aura finalement duré qu’un court instant : environ un quart d’heure le 10 décembre 2018, lors de l’allocution d’Emmanuel Macron destinée à tenter d’éteindre la mobilisation des Gilets Jaunes. Le temps d’un nouvel enfumage politico-médiatique puisque les mesures annoncées finiront bien par être financées par… la classe moyenne.
    Aujourd’hui l’heure est à la stratégie de la tension, c’est à dire à l’affrontement avec les Gilets Jaunes et ceux qui les soutiennent.

    Changement de style, durcissement politique

    Avec ses vœux de nouvel an, le président de la république a changé de posture, au sens propre comme au figuré.

    Le 10 décembre, il appuyait ses mains sur une table – comme on s’accroche à une bouée de sauvetage – le visage crispé et les yeux fixés sur le prompteur. On sentait qu’il faisait des efforts pour paraître social.

    Mais le 31 décembre, il se tenait au contraire debout, agitant ses mains, volubile : c’était le vrai Macron qui parlait cette fois.

    Un changement de style significatif : Emmanuel Macron a finalement fait le choix de l’affrontement avec ceux qui contestent son action. Cela s’appelle la stratégie de la tension.

    Fuck le peuple !

    Les sondages d’opinion montrent que le président de la république n’a toujours pas regagné la confiance des Français [1] ?
    Mais qu’est ce que cela change pour lui, finalement ?

    Son mandat présidentiel dure jusqu’en 2022 et il peut s’appuyer sur les solides institutions de la Vème république. Il bénéficie en outre d’une « majorité » de godillots à l’assemblée nationale qui vote tout ce qu’il veut. Mais il peut aussi s’appuyer sur les médias, sur le pouvoir judiciaire, sur l’appareil d’Etat, sur les lobbies qui n’existent pas et sur l’abstention des syndicats.

    Alors fuck le peuple !

    Et d’ailleurs, c’est qui le peuple français ? Emmanuel Macron s’est interrogé à son propos lors de ses vœux : Parler au nom du peuple ? Mais « lequel ? d’où ? comment ? ». Une façon de dire que le peuple concret n’existe pas pour lui.

    Emmanuel Macron préfère en effet invoquer des concepts abstraits : la république, l’ordre, les valeurs, la démocratie. Et surtout il préfère le peuple élu par l’oligarchie : celui des banlieues de l’immigration.

    Accélérons la cadence !

    Les Français espéraient que son impopularité conduirait le président à mettre ses « réformes disruptives » en sourdine ?

    Las, le porte-parole du gouvernement a tenu à nous déniaiser : « Le Président est revenu sur trois reproches qu’il nous faut entendre: le fait que les choses n’aient pas réellement changé pour beaucoup de nos concitoyens […], le fait qu’il est indispensable de redonner du sens dans un monde où il faut lutter pour ne pas céder à l’immédiateté du moment, et le fait que nous devons aller encore plus loin dans le changement, et être plus radicaux dans notre manière de faire » [2].

    Traduisons : le président estime avoir répondu le 10 décembre aux revendications des Gilets Jaunes. Donc il est temps de revenir à l’essentiel : amplifier les « réformes ».
    Emmanuel Macron n’abandonnera donc pas le mandat immigrationniste, européiste et libre-échangiste que lui a donné la Davocratie, le seul qui compte vraiment à ses yeux.

    Tel le commandant du Titanic, il décide d’augmenter la vitesse malgré les icebergs…
    En navigation c’est de l’imprudence. En politique c’est de la radicalisation.

    Le diable s’habille en gilet jaune

    Le 27 novembre, Emmanuel Macron affirmait entendre la colère des gilets jaunes. Le 10 décembre il nous prenait même à témoin de la misère sociale qu’il avait découverte en France.

    Mais, le 31 décembre, il ne voyait plus que « les porte-voix d’une foule haineuse [qui] s’en prennent aux élus, aux forces de l’ordre, aux journalistes, aux juifs, aux étrangers, aux homosexuels ».

    Et à l’issue du conseil des ministres du 4 janvier dernier, le porte-parole du gouvernement, Benjamin Grivaux, reflet de la pensée jupitérienne, estimait d’ailleurs que « le mouvement dit des Gilets jaunes est devenu pour ceux qui restent mobilisés un mouvement d’agitateurs qui veulent l’insurrection et renverser le gouvernement ».

    Après la peste brune que le ministre Darmanin ou BHL affirmaient avoir vu défiler (en jaune donc…) sur les Champs Elysées, après les factieux ou l’ultra-droite que dénonçait le ministre de l’Intérieur, après les beaufs poujadistes et factieux de Jean Quatremer, voici le temps des insurgés qui veulent renverser le gouvernement !

    C’est clair : pour le pouvoir, désormais, le diable s’habille en gilet jaune.

    La stratégie de la tension à l’ordre du jour

    Cette sémantique belliqueuse n’est pas neutre : elle traduit la mise en œuvre consciente d’une stratégie de la tension, orchestrée par le pouvoir et ses soutiens depuis le mois de décembre et qui s’amplifie d’une façon inquiétante.

    Globalement, la mobilisation des Gilets Jaunes est restée bon enfant à l’échelle du pays.

    Mais les médias de propagande nous ont pourtant servi en boucle des images de violences sporadiques pour diaboliser le mouvement, en l’associant systématiquement aux casseurs, comme lors du saccage de l’arc de triomphe le 1er décembre par exemple.

    L’amalgame est devenu la règle. Car, à la différence des violences qui embrasent périodiquement nos charmantes banlieues défavorisées, ou des nuits de la St Sylvestre, le pouvoir et les médias ne diffusaient cette fois aucun des habituels discours d’excuse bisounours.

    Le pouvoir a eu en effet une attitude trouble vis-à-vis de ces violences. Officiellement, il les condamnait, mais, officieusement, il s’en réjouissait. Quand il ne les provoquait pas indirectement par l’attitude agressive de certaines forces de l’ordre, comme si elles voulaient pousser des manifestants à la faute.

    La même stratégie est aujourd’hui appliquée quand les médias donnent la parole au moindre excité invoquant la perspective d’un soulèvement populaire : on nous refait, comme sous François Hollande, le coup de la guerre civile !

    Le but est non seulement de jeter le discrédit sur un mouvement qui reçoit, aujourd’hui encore, un large soutien populaire, mais aussi de détourner l’attention sur les revendications portées par les gilets jaunes. Et de diffuser au surplus la peur dans le pays.

    Salauds de pauvres !

    Les Gilets Jaunes peuvent bien multiplier les manifestations de sympathie naïve à l’égard des forces de l’ordre.

    Cela ne les préserve pas de la répression politique qui s’abat désormais sur eux au nom de l’état de droit. Emmanuel Macron les a d’ailleurs avertis clairement lors de ses vœux : « L’ordre républicain sera assuré sans complaisance ».

    On apprend ainsi que 219 personnes auraient été incarcérées entre le 17 novembre et le 17 décembre 2018, selon les chiffres du ministère de la Justice. Et que sur 4.500 personnes au total placées en garde à vue, seuls 825 dossiers ont été classés sans suite.

    Comme le remarque benoîtement RTL « un chiffre record, inédit dans le cadre d’un mouvement social » [3].

    Inédit en effet, dans un pays où les délinquants multirécidivistes, les fichés S, les racailles de banlieue ou les casseurs d’extrême-gauche bénéficient depuis des années de la clémence, pour ne pas dire plus, des pouvoirs publics.

    Pas de complaisance pour ces salauds de Français pauvres !

    Pas de pitié pour la France périphérique !

    Vis-à-vis de la France périphérique, la ligne est désormais tracée : pas de complaisance, répression !

    Et comme il ne s’agit que de Français natifs, on n’a pas à se gêner. Fiorina n’aura pas le soutien des pleureuses médiatiques dont a bénéficié Théo !

    Aux interpellations préventives et aux gardes à vue de gilets jaunes, aux gaz lacrymogènes, aux tirs directs, aux canons à eau pour disperser des manifestants pacifiques, aux blindés dans les rues et aux fractionnements policiers des cortèges en usage depuis les manifestations de décembre, s’ajoutent désormais les directives données aux préfets d’évacuer les lieux occupés par les manifestants et la multiplication des poursuites et des condamnations : là contre des journalistes de La Charente Libre, là contre un manifestant qui aurait crié  guillotine à l’encontre d’un député LREM parce qu’on « est face à une remise en cause des fondements de la démocratie » selon un procureur de la république [4], là contre Eric Drouet.

    Si on était en Russie ou en Iran, on crierait à la dictature et à la violation des droits humains. Mais en France, on appelle cela du maintien de l’ordre républicain. Nuance.

    Le pouvoir s’entraîne à la répression

    Avec les Gilets Jaunes, La République en Marche et ses idiots utiles sont devenus le parti de l’ordre. Mais de l’ordre progressiste bien sûr, puisque que le camp du bien est au pouvoir. Les méchants ce sont donc les autres et il faut les punir d’être méchants.

    Mais il ne faut pas s’y tromper.

    Alors que se profilent les élections européennes, les Gilets Jaunes expérimentent à leurs dépens ce que le pouvoir peut mettre en œuvre demain contre toute autre dissidence politique. Un pouvoir qui s’habitue dangereusement à la répression.

    Diabolisation, amalgame, censure, intimidation, judiciarisation : le pouvoir gouverne mal mais, en 2019, il saura se défendre !

    Michel Geoffroy (Polémia, 7 janvier 2018)

     

    Notes :

    [1] Pour63% des personnes interrogéesEmmanuel Macron devra retrouver en priorité «la confiance et de la crédibilité auprès des Français» et «prouver qu’il est parvenu à baisser les impôts et à améliorer le pouvoir d’achat» (55%) . Seuls 25% se disent «satisfaits» de l’action du gouvernement depuis l’élection d’Emmanuel Macron, soit 15 points de moins qu’en avril 2018. (enquêteOdoxa-Dentsu Consulting Le Figaro/France Info des 2 et 3 janvier 2019)

    [2] A l’issue du conseil des ministres du 4 janvier 2018

    [3] RTL du 3 janvier 2019

    [4] RT le 3 janvier 2019

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  • Dix courtes observations sur le mouvement des Gilets Jaunes...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré à la révolte des Gilets jaunes. Ancien haut-fonctionnaire, Michel Geoffroy a récemment publié La Superclasse mondiale contre les peuples (Via Romana, 2018).

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    Dix courtes observations sur le mouvement des Gilets Jaunes

    1/ C’est un mouvement populaire spontané, qui a utilisé les réseaux sociaux pour se développer (« jacquerie numérique ») et qui s’est répandu dans le pays en contournant les structures institutionnelles (élus, partis, syndicats, médias), lesquelles n’ont d’ailleurs rien vu venir puisqu’elles sont précisément coupées de la majorité de la population

    2/ C’est un mouvement avant tout Français de souche, qui sont les vrais « défavorisés » d’aujourd’hui (et non pas les banlieues de l’immigration ou les « migrants » comme on nous le fait croire en permanence). Une réalité qui vient de percer le mur de la propagande officielle

    3/ Le port du gilet jaune a été un génial symbole de ralliement : rendre visibles précisément ceux que le Système ne veut pas voir car il préfère les Autres aux Nôtres. Le Jaune devient le « symbole de la pauvreté européenne » car il est repris un peu partout désormais. Le Gilet jaune symbolise aussi l’Etat intrusif dans la vie des gens (la « sécurité routière ») mais qui se montre incapable de garantir le Bien Commun. Enfin le mode d’action initialement choisi (le blocage filtrant) constitue une réponse ironique au discours des élites sur les bienfaits de la mobilité permanente

    4/ Le mouvement a obtenu un large soutien de l’opinion (70%) dans la durée, malgré les différentes opérations de diversion et de diabolisation orchestrées par le gouvernement. Un soutien qui est sans commune mesure avec celui dont bénéficie la classe politique, largement démonétisée, et principalement Emmanuel Macron qui est devenu rapidement un symbole d’exécration nationale dans des proportions sans précédent sous la Vème république et dont il aura bien du mal à se relever

    5/ Ce mouvement est la revanche politique des perdants de « la mondialisation heureuse » et que pour cette raison on regardait avec mépris (tant à gauche qu’à droite) : car ces « gens de rien » viennent par leur mobilisation dans la durée (22 jours à la date du 8 décembre 2018) de faire reculer le gouvernement des winners et d’ébranler sérieusement le quinquennat de Macron. Tout cela étant obtenu sans aucun soutien des médias, de la classe politique ou des syndicats (à la différence de mai 1968)

    6/ Les Gilets Jaunes expriment des revendications larges qui, malgré ce que veulent nous faire croire les médias de propagande, dépassent la seule problématique du « pouvoir d’achat » et touchent par exemple la politique sociale, les migrations, les institutions, la sécurité etc… Ces revendications traduisent une maturité politique certaine et surtout une remise en cause globale des politiques mises en œuvre depuis 30 ans.

    7/ Le mouvement des Gilets Jaunes illustre que la révolte des élites, ouverte il y a 30 ans avec la chute de l’URSS, est désormais terminée en Occident et que lui succède maintenant le temps de la révolte des peuples. Le temps où les élites pouvaient révolutionner la société à leur profit en toute impunité -symbolisé par l’arrogance de la présidence Macron -s’achève en France en 2018

    8/ Avec le mouvement des Gilets Jaunes, les classes moyennes et populaires ont retrouvé le sens de l’action politique et le sens du commun,que le Système cherchait avant tout à détruire pour asseoir sa domination, en promouvant partout un individualisme destructeur de toute solidarité. Elles ont retrouvé le sens de la fraternité dans la lutte et cela aura de grandes conséquences pour l’avenir.

    9/ Le mouvement des Gilets Jaunes a montré clairement qui en France était du côté du peuple et qui était du côté de la Davocratie. Le fait que les manifestants se soient opposés aux journalistes mainstream est significatif de cette prise de conscience. L’abstention des syndicats dans la révolte des Gilets Jaunes -qui a pour le moment empêché toute contagion nationale de la révolte – les place aussi clairement du côté du pouvoir. De même que la grande timidité des partis institutionnels vis-à-vis du mouvement. Cela se traduira dans les futurs scrutins

    10/ Même si, comme il est probable, le mouvement des Gilets Jaunes va s’essouffler à l’approche des fêtes de Noël, Emmanuel Macron va se trouver dans une impasse politique durable: soit il répond à la demande sociale des Gilets Jaunes et il ira à l’encontre des exigences de la Davocratie pour lesquelles il a été élu : il risque alors de perdre son soutien. Soit il n’y répond pas -ou s’efforce de gagner du temps jusqu’aux élections européennes- et il court le risque d’une reprise accentuée du mouvement en 2019. Soit il s’engage dans le tout répressif au nom de « la défense de la république contre les factieux » et il ouvrira alors un processus à l’issue imprévisible, alors qu’une large majorité de Français soutient les Gilets Jaunes.

    Michel Geoffroy (Polémia, 10 décembre 2018)

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  • Nouvelle lutte des classes, nouvelle donne politique...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré à l'analyse des causes profondes  de la révolte de la France populaire. Ancien haut-fonctionnaire, Michel Geoffroy a récemment publié La Superclasse mondiale contre les peuples (Via Romana, 2018).

     

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    Nouvelle lutte des classes, nouvelle donne politique

    La lutte des classes n’a pas disparu avec la chute de l’URSS et du communisme en Europe. Elle réapparaît. Une nouvelle lutte des classes s’est en effet installée en Occident qui oppose les nouvelles élites qui veulent révolutionner la société à leur profit – c’est « la révolte des élites » qu’avait prophétisée Christopher Lasch [1]– aux peuples qui aspirent au contraire à la stabilité, au maintien de leurs traditions, de leur identité et de leur culture – soit tout le contraire de la valorisation du bougisme, du « changement » et de la « mobilité », vantés par les nouvelles élites.
    Cette nouvelle lutte des classes résulte donc de l’inversion du schéma révolutionnaire tel qu’on le concevait depuis la fin du 19ème siècle : la révolution des sociétés provient aujourd’hui des élites [2] et non plus des « masses ».

    La nouvelle lutte des classes se concrétise par une fracture économique, sociale , politique et culturelle croissante, notamment en France

    Cette nouvelle lutte des classes oppose, d’un côté, « la France périphérique » en voie de paupérisation, de marginalisation, et de remplacement dans son propre pays.

    Car les élites – qui se sont protégées et se sont coupées des peuples en créant de nouvelle frontières intérieures du fait de la privatisation et de la réduction constante de l’espace public – mettent les peuples en insécurité économique (du fait du chômage de masse conséquence du libre-échangisme mondialiste [3]), en insécurité sociale (du fait de la déconstruction de toute l’histoire sociale européenne au nom du néo-libéralisme) et en insécurité culturelle et identitaire (du fait du Grand Remplacement migratoire , de l’Islamisation et de la déconstruction « sociétale » [4] des mœurs).

    Au plan politique, cela se traduit par la marginalisation du peuple dans les démocraties occidentales, qui pour cette raison sont de moins en moins démocratiques  (abstention électorale élevée, absence de recours au référendum, vote pour des partis qui sont diabolisés et donc peu représentés au Parlement etc… ).

    Avec le rejet du populisme, les élites ont d’ailleurs théorisé leur volonté de marginalisation du peuple et cela explique pourquoi le régime politique devient toujours plus oligarchique [5].

    Cette insécurité est le produit fatal de l’idéologie des nouvelles élites : le libéralisme libertaire et cosmopolite (mondialiste).

    Une idéologie destructrice de toute société : « La société n’existe pas » disait Mme Thatcher. Le libéralisme libertaire ne connaît que des individus calculateurs et pourvus de droits-créances contre la société. Cette idéologie se concrétise dans le mythe de la « société ouverte [6]», utopie inventée par Karl Popper qui signifie en réalité l’implosion programmée de la société traditionnelle [7], mais au seul profit des nouvelles élites et notamment des grandes firmes mondialisées et de leurs dirigeants.

    Et, de l’autre, des élites économiques,  financières, culturelles, médiatiques et politiques qui vivent dans un monde protégé et qui ont tendance à s’enrichir toujours plus.

    Comme le déclarait le milliardaire Warren Buffet : « Il y a une guerre des classes, c’est un fait mais c’est ma classe, la classe des riches qui la mène et nous sommes en train de la gagner » [8]

    Parce que ces élites pratiquent sur une grande échelle le « socialisme des riches » (Joseph Stiglitz) : privatiser les profits (notamment en application du « consensus de Washington » qui ouvre la voie à la privatisation des biens publics et à la dérégulation économique et financière dont profitent avant tout les plus riches) mais socialiser les charges et les pertes (comme on l’a vu lors de la crise financière de 2008). Et parce qu’elles ont développé leur « industrie de défense des revenus » au plus haut niveau depuis les 30 dernières années : principalement en échappant à la pression fiscale (grâce à la faible taxation des revenus du capital).

    Ce qui se traduit par une augmentation rapide des inégalités sociales en Occident, à rebours de ce qui s’est produit durant les Trente Glorieuses.

    En effet dans une économie mondialisée et dérégulée les anciens paradigmes de la « science économique » sont de moins en moins opérants :

    • L’effet de « ruissellement » fonctionne de moins en moins car la richesse ne se réinvestit plus nécessairement dans le pays d’origine (mais plutôt dans des pays plus riches ou dans des paradis ou des niches fiscales comme le financial art par exemple).

    • Le fordisme devient obsolète : on n’a plus besoin de bien payer ses salariés, car on peut les remplacer par des ouvriers et des consommateurs Chinois, Indiens et demain peut-être, par des robots ou des Africains.

     Ces nouvelles élites correspondent au phénomène décrit [9] sous l’expression « super classe mondiale ». C’est-à-dire l’apparition en Occident d’un pouvoir économique et financier, hors sol, qui monopolise la richesse, qui s’est affranchi de la souveraineté des Etats et qui prescrit des normes politiques et sociales en dehors de toute régulation démocratique. Et qui se croit « élu » pour imposer sa « gouvernance » au monde et aux peuples.

    A la différence de l’ancienne lutte des classes, les nouvelles élites n’ont plus peur des peuples depuis la chute du communisme

    C’est pourquoi elles ont perdu toute décence commune à son égard, comme en témoignent par exemple les propos d’Emmanuel Macron lorsqu’il évoque les Français pauvres (les gens de rien) ou de François Hollande se gaussant des « sans-dents ».

    D’autant que, avec l’immigration, les élites se sont fabriquées un peuple de rechange, qui constitue sa réserve électorale (notamment celle de la nouvelle gauche).

    De fait, aujourd’hui, les immigrants se trouvent donc objectivement du côté de l’oligarchie (même si, au plan des valeurs, ils n’ont que mépris pour la décadence et la mécréance occidentale) et ils bénéficient d’ailleurs de toutes ses sollicitudes (notamment « la politique de la ville » qui ne vise pas les territoires les plus pauvres mais uniquement les zones d’immigration). D’ailleurs, sans le vote des électeurs d’origine immigrée, les partis de gauche disparaîtraient [10] et beaucoup de notables de droite ne seraient pas réélus dans leurs communes.

    Les immigrants bénéficient en outre par construction de la mondialisation puisqu’ils peuvent échapper à leur condition misérable dans leur pays d’origine en bénéficiant de la protection sociale des pays riches qui, même sur le déclin, sera toujours plus élevée que chez eux.

    Il est d’ailleurs frappant de constater que la révolte des Gilets Jaunes de l’automne 2018 en France n’a concerné pour l’essentiel que des Français de souche : à l’évidence les prétendues « banlieues défavorisées » , celles de l’immigration, ne le sont pas tant que cela.

    Les nouvelles élites regroupent principalement les CSP les plus élevées et ceux qui travaillent dans des secteurs protégés de la concurrence des pays à bas salaire qui célèbrent « la mondialisation heureuse » : avant tout parce qu’ils bénéficient de la réduction des prix résultant du libre-échange mondialiste sans en supporter les conséquences néfastes en termes d’emploi ou de diminution de la couverture sociale.

    Ces privilégiés de la mondialisation diffusent un discours destiné à leur donner bonne conscience (par exemple « l’ouverture aux autres » et le « vivre ensemble ») alors qu’ils manifestent une indifférence glacée vis-à-vis de la situation dans laquelle se trouve la majorité de leurs compatriotes et en particulier vis-à-vis de la destruction de la classe moyenne.

    Dans la nouvelle lutte des classes, les nouvelles élites récusent la démocratie et dénient au peuple le droit de définir son destin. Elles remplacent la démocratie par la post-démocratie qui n’est qu’une forme douce de dictature : notamment parce que la post-démocratie repose sur la domination des juges inamovibles et idéologisés sur les législateurs élus. Elle repose aussi sur l’Union Européenne qui permet de détruire la souveraineté des peuples. Et sur un contrôle croissant de la population : contrôle par la propagande des médias, censure du politiquement correct, contrôle par l’écologie punitive, contrôle technologique etc…

    De cette nouvelle lutte des classes, découlent plusieurs conséquences importantes pour l’avenir de la Droite

    La question sociale (la paupérisation, la fin de l’ascenseur social, la précarité du travail) est de retour en Occident

    Mais elle reste en déshérence puisque la Gauche l’a abandonnée et que la Droite reste largement prisonnière de la doxa libérale (ou de l’oxymore d’un libéralisme/national). Et, de toute façon, elle ne s’est jamais vraiment intéressée aux questions sociales, à la différence de la Gauche.

    Cela signifie que la révolte populaire contre les nouvelles élites se déroule pour le moment en dehors des partis institutionnels de gauche comme de droite, car ils n’apportent pas de réponse lisible à cette nouvelle demande sociale.

    Il s’agit donc d’un champ politique à conquérir pour la Droite. D’autant qu’avec l’immigration de peuplement et la mondialisation, la question sociale rejoint la question identitaire et de la souveraineté.

    La question institutionnelle est aussi de retour, parce les institutions publiques - et notamment les États - ne garantissent plus le Bien Commun, mais deviennent l’instrument de l’oppression des peuples autochtones en Europe.

    En particulier parce que les élites installent, pour conforter leur domination, la suprématie des minorités et des intérêts privés sur les majorités. Parce qu’elles installent partout la préférence en faveur des Autres (Big Other), aux dépens des Nôtres. Et parce que notre système politique est devenu profondément antidémocratique (des minorités d’électeurs élisent des minorités non représentatives de l’ensemble de la population[11], et qui de toute façon ne gouvernent pas vraiment, puisque les États ont perdu l’essentiel des instruments de la souveraineté au profit de la super classe mondiale, des lobbies et de l’Europe de Bruxelles).

    Rendre du pouvoir au pouvoir devient pour cette raison une question essentielle, pour restaurer la démocratie entendue comme « le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ».

    La nouvelle lutte des classes modifie la nature du clivage gauche/droite, mais ne le supprime pas pour autant

    En particulier les partis de gauche ne se situent plus du côté du peuple, mais ont rejoint le camp libéral, libertaire et mondialiste contre les peuples. Et parce qu’ils privilégient désormais les Autres aux dépens des Nôtres.

    Le déclin tendanciel des partis de gauche – notamment socialistes ou sociaux-démocrates – résulte de cette translation (et réciproquement, cf la stratégie de Terra Nova : les minorités doivent remplacer l’électorat populaire qui se tourne vers les partis populistes).

    En récusant le mondialisme, la déconstruction des sociétés ou le grand remplacement migratoire, les peuples ont au contraire tendance à occuper un positionnement de droite et conservateur.

    L’idée d’une convergence des révoltes politiques entre la France périphérique et la France immigrée repose sur une illusion

    La France immigrée n’a aucun intérêt commun avec la France périphérique.

    En outre l’oligarchie se sert de l’immigration comme moyen de museler définitivement la France périphérique, notamment en la remplaçant démographiquement tout simplement et en instrumentant la « lutte contre le racisme et la xénophobie».  Une course de vitesse se déroule donc entre les flux migratoires (que les élites mondialistes veulent à tout prix maintenir) et la révolte des peuples autochtones.

    Pour cette raison un positionnement politique comme celui de La France Insoumise est voué à l’échec à moyen terme. Mais il en va de même pour une droite qui croirait pouvoir satisfaire ces deux électorats en même temps.

    Une convergence politique entre certaines élites et la France périphérique est pour le moment aussi une illusion 

    La solidarité des élites entre-elles sera toujours plus forte que son empathie pour le reste de la population. Pour cette raison, les partis populistes ou souverainistes ne réussissent globalement toujours pas à recruter au-delà des classes moyennes et populaires.

    Certaines élites ne rejoindront le peuple – comme cela s’est produit au début du 20ème siècle – que si elles ont de nouveau peur de la révolte populaire ou de quelque chose d’équivalent. D’une certaine façon, la révolte des Gilets Jaunes de l’automne 2018 en France en apporte la preuve.

    Mais si la France périphérique est pour le moment [12] plus nombreuse que les élites [13], elle reste inorganisée et manque de maturité idéologique, notamment parce qu’elle est de plus en plus déculturée [14].

    Il y a donc là aussi un champ d’action que la Droite devrait investir si elle avait conscience des enjeux

    Le populisme progresse partout car il est à la fois un cri de douleur (celui des peuples qui ne veulent pas mourir ni être remplacés) et un cri de ralliement contre les nouvelles élites (comme hier le socialisme pour le prolétariat).

    Mais il ne dépassera pas le stade protestataire – instrumentalisé par les élites comme repoussoir – s’il n’apporte pas aussi des réponses cohérentes à la question sociale et pas seulement à celle de la souveraineté, de l’immigration et de l’identité.

    Il faut donc qu’il apparaisse aussi comme porteur d’une alternative crédible et cohérente au libéralisme libertaire et cosmopolite. Y compris au plan spirituel et moral, afin de répondre au vide existentiel produit par un Système, qui est comme le communisme, d’essence matérialiste.

    Michel Geoffroy (Polémia, 6 décembre 2018)

     

    Notes :

    [1] La Révolte des élites et la trahison de la démocratie, ouvrage posthume de Christopher Lasch publié en 1995

    [2] Au sens sociologique  et non qualitatif du terme : avant tout les plus riches et les CSP les plus élevées

    [3] Selon l’économiste Ph.Herlin le pouvoir d’achat des Français a diminué depuis 1975 dans les domaines essentiels à la vie du transport, du logement et de la nourriture

    [4] Il s’agit en fait d’un oxymore car ces réformes ont justement pour objet l’individuation radicale et la destruction de tout ce qui fait société. Le terme sociétal est destiné à faire oublier qu’à droite comme à gauche on a abandonné le social : parce que la gauche a abandonné le peuple et parce que la droite réduit le social à l’humanitaire et à la philanthropie)

    [5]« Il faut arrêter de dire que le peuple a toujours raison», affirmait d’ailleurs Daniel Cohn-Bendit après le vote pour le Brexit ; le Figaro du 5 juillet 2016

    [6] La Société ouverte et ses ennemis,  Karl Popper , 1945

    [7] Comme l’écrit George Soros dans la société ouverte « la structure organique de la société a été désintégrée au point où ses atomes, les individus, flottent sans entraves » ; Soros et la société ouverte, Pierre-Antoine Plaquevent ; le Retour aux sources ; 2018 ; page 115

    [8] New York times du 26 novembre 2006

    [9] Notamment le premier par Samuel Huntington dans son livre Qui sommes-nous, paru en 2004

    [10] Il s’agit d’un phénomène que l’on rencontre partout, même aux Etats-Unis où le parti démocrate devient le parti des minorités ethniques, alors que les WASP votent en majorité pour le parti républicain

    [11] En 2017 seule une minorité de Français a voté (Emmanuel Macron n’a été élu que par 43,6% des inscrits[11] et aux législatives de 2017, seuls 38,4% des Français ont voté) et la « majorité » parlementaire est en réalité minoritaire dans l’opinion et une part importante des votants n’est pas représentée du fait du régime électoral (ex avec 1,59 M de voix au second tour des législatives de 2017,le FN n’a que 8 élus, quand la France Insoumise a 17 élus avec 880 000 voix et le PC 10 élus avec …200 000 voix)

    [12] La croissance démographique de la France immigrée est très rapide

    [13] A noter cependant que les familles traditionnelles (catholiques en France) ont tendance à faire plus d’enfants que les bobos : leur poids spécifique tend donc à augmenter

    [14] L’Education Nationale ayant abandonné toute transmission des savoirs, conformément aux souhaits de l’oligarchie

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